l’ICMP dénonce le plus grand vol de propriété intellectuelle de l’histoire

La Confédération internationale des éditeurs de musique (ICMP) a rendu publiques les conclusions d’une enquête de deux ans sur l’usage de la musique par les géants de la technologie pour entraîner leurs intelligences artificielles. L’organisation parle du « plus grand vol de propriété intellectuelle de l’histoire ».

Des catalogues entiers exploités

Selon l’ICMP, plusieurs entreprises, dont Google, Microsoft, Meta, OpenAI, X ou encore la société chinoise DeepSeek, auraient utilisé sans autorisation des millions de morceaux et de paroles protégés par le droit d’auteur. Des applications spécialisées comme Udio et Suno sont également citées pour avoir récupéré illégalement des contenus via YouTube.

Les artistes concernés appartiennent à toutes les générations de la musique populaire : les Beatles, Beyoncé, Bob Dylan, Michael Jackson, Madonna, Drake, Ed Sheeran, Elton John ou encore The Weeknd figurent parmi les exemples cités.

Des pratiques documentées

L’enquête, menée à partir de registres commerciaux, de bases de données publiques et de documents internes, décrit une pratique systématique : les œuvres seraient utilisées pour former des modèles d’IA capables de générer textes, musiques ou images. L’ICMP cite notamment des systèmes comme Llama 3 (Meta), Gemini (Google), Copilot (Microsoft) ou encore Jukebox (OpenAI).

L’organisation souligne par ailleurs que des IA d’images, comme Midjourney, reproduiraient des pochettes d’albums d’artistes connus tels que Gorillaz ou Dr. Dre.

Réactions de l’industrie

Pour l’ICMP, ces usages représentent une menace directe pour la création musicale. « Ce n’est pas un crime sans victime », a déclaré un représentant du groupe Concord, rappelant que les revenus générés par la musique financent la production de nouvelles œuvres.

L’organisation affirme avoir transmis ses conclusions à plusieurs gouvernements au cours des 18 derniers mois. Elle compte également s’appuyer sur la loi européenne sur l’intelligence artificielle, adoptée en 2024, qui impose aux entreprises de publier des informations sur les données utilisées pour entraîner leurs modèles.

Vers un bras de fer juridique

Les éditeurs, soutenus par les majors Universal, Sony et Warner, envisagent des actions pour faire reconnaître les droits des créateurs et obtenir des compensations. Cette affaire ouvre une nouvelle étape dans les débats sur la régulation de l’intelligence artificielle et son rapport aux industries culturelles.